Sénégal/Education: La COSYDEP/Bureau du Conseil d’Administration (BCA)

Sénégal/Education: La COSYDEP/Bureau du Conseil d’Administration (BCA)

La Cosydep a fait une Analyse exhaustive de la situation scolaire/ Universitaire lors du Bureau du Conseil d’Administration le Jeudi 7 décembre 2023 à Dakar.

Deux mois après la rentrée scolaire, à la veille de l’élection de représentativité des centrales syndicales, à un mois de la Coupe d’Afrique de football, et à deux mois du démarrage de la campagne pour l’élection présidentielle, le BCA s’est réuni pour apprécier la situation scolaire et universitaire, réaffirmer des recommandations et dégager des perspectives. Constatant la dégradation progressive du climat scolaire avec les alertes des acteurs, les grèves d’avertissement des syndicats d’enseignants, les manifestations d’élèves, la fermeture prolongée des universités combinée au réchauffement du front social, la COSYDEP exprime ses vives inquiétudes face aux menaces sur l’année 2023-2024. A la lumière des données démographiques issues du dernier recensement de la population (ANSD) mais aussi du budget de l’éducation inscrit dans la loi de finance initiale 2024, l’analyse du contexte a permis d’investir quatre points critiques, soutenus par des recommandations concrètes, pour des solutions urgentes, autour de (i) la maitrise des facteurs endogènes, (ii) l’anticipation sur les facteurs exogènes, (iii) la mise en œuvre des réformes annoncées, et (iv) la résolution de la crise universitaire. ///Maitriser les facteurs endogènes Maitriser les facteurs endogènes, c’est faire de sorte qu’aucune perturbation majeure ne vienne de l’intérieur du système scolaire et universitaire. C’est aussi adresser résolument les questions susceptibles de constituer des sources de perturbations par la prise en charge des déficits récurrents et des besoins pressants (enseignants, infrastructures, mobilier, supports, …). C’est surtout trouver des réponses immédiates et adéquates aux problèmes conjoncturels soulevés (amplification des classes complexes, surcharges horaires, itinérance de professeurs, diminution de crédits horaires dans certaines disciplines, fermeture d’établissements sous le poids de l’âge ou de phénomènes naturels, …). Considérant que les efforts déployés dans l’amélioration des conditions salariales, l’évolution positive des taux d’admission aux examens doivent être entretenus par l’instauration d’un dialogue inclusif, permanent et fécond, la COSYDEP recommande de : 1/Résorber les déficits récurrents signalés (enseignants, infrastructures, mobiliers) et planifier les besoins en intrants induits par la mise aux normes des établissements ; 2/Veiller à la tenue régulière des réunions sectorielles et au fonctionnement des Comités de suivi des accords entre syndicats et gouvernement tel que préconisé par les dispositions des protocoles ; 3/ Faire preuve, de la part des autorités éducatives, de disponibilité et d’accessibilité envers le système, en dépit des agendas politiques ; 4/Renforcer la synergie au sein de chaque catégorie d’acteurs afin de faciliter le dialogue et la collaboration des parties prenantes. /// Se prémunir des facteurs exogènes Se prémunir des facteurs exogènes, c’est travailler à prévenir les répercussions du jeu des acteurs politiques sur le fonctionnement de l’institution scolaire et universitaire. Dans cette optique, il est nécessaire de rester vigilant face aux remous dans de nombreux secteurs de la vie économique et sociale mais aussi au déroulement de tout autre évènement à forte attraction populaire. /////Le BCA appelle : 1/La communauté éducative à rester vigilante face à toute velléité d’agitation extérieure pouvant affecter le système éducatif ; 2/Les acteurs politiques à décliner leur ambition pour l’éducation tout en l’épargnant des rivalités politiciennes ; 3/Les candidats à l’élection présidentielle et les leaders d’opinion à lancer des messages publics pour une union sacrée autour de la protection et de la sécurité des écoles, des élèves, des étudiants et de leurs enseignants. III. Engager les réformes annoncées Engager les réformes annoncées, c’est diligenter les réponses aux demandes des communautés pour (i) des curricula conformes aux réalités nationales et intégrant les langues nationales, (ii) un organigramme institutionnel cohérent et rationnel, (iii) un dispositif efficace et inclusif pour le respect des engagements nationaux, régionaux et internationaux (obligation scolaire de dix ans, une année de préscolarisation obligatoire, CESA 2025, Agenda 2030).

Le BCA demande de : 1/ Evaluer la mise en œuvre des décisions issues des concertations sur l’Enseignement Supérieur (CNAES), sur l’Education et la Formation (ANEF) mais aussi l’option Universités Virtuelles du Sénégal. 2/Lancer publiquement le processus annoncé de réforme des curricula ; 3/Adopter un organigramme institutionnel conforme aux engagement et permettant de rationnaliser la mise en œuvre de la politique éducative ; 4/ Renforcer les sous-secteurs et questions sous dotés tels que les daara, l’alphabétisation, les offres alternatives destinées aux Hors Ecoles, le numérique, la petite enfance, … . OUVRIR LES CAMPUS UNIVERSITAIRES La décision de fermer les universités pour quelques raisons que ce soient, ne peut tenir devant le caractère inaliénable du droit à l’éducation. Au contraire, le maintien des étudiants loin du campus risque d’entraîner de graves conséquences en termes de perte sur le temps d’étude, d’abandons massifs, de tentations qui les éloignent des espaces d’éducation et de formation. Pour rappel, ces trois dernières années, l’université a été fermée à trois reprises (2020 avec le COVID, 2022 avec les législatives, 2023 avec les manifestations politiques), entrainant des télescopages de cohortes d’étudiants, perturbant ainsi régulièrement le calendrier universitaire. Cette décision est d’autant plus incompréhensible que les récentes données démographiques montrent que l’écrasante majorité de la population est jeune (76% ont moins de 35 ans et 1 sénégalais sur 2 a moins de 19 ans). Tenant compte des conséquences qui peuvent découler de la situation qui sévit dans les universités, en particulier Cheikh Anta DIOP, la COSYDEP : Ü Condamne la destruction de biens et équipements d’écoles ou d’universités ; Ü Constate que bon nombre d’institutions et d’espaces commerciaux, ayant subi des dommages, ont pu se remettre en prenant des dispositions adéquates, l’Etat ne saurait manquer de solutions ; Ü Rappelle que même dans les pays en crise, l’Etat assume ses responsabilités en tant que garant de l’exercice des droits et des libertés. ////Le BCA recommande de : 1/Ouvrir les campus sociaux et pédagogiques des universités publiques du Sénégal, comme réclamé par les étudiants et les syndicats du supérieur ; 2/Mener une enquête objective pour évaluer l’ampleur des dégâts, identifier les motivations profondes des auteurs ; 3. Considérer l’enseignement à distance juste comme une modalité qui complète l’enseignement en présentiel sans le remplacer systématiquement. Fait à Dakar, le 07 décembre 2023, Le Bureau du Conseil d’Administration.

KEBE KEBA /TAMBAACTU1

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