La pêche à Bakel : entre défis logistiques et potentiel inexploité

La pêche à Bakel : entre défis logistiques et potentiel inexploité

Dans cet entretien exclusif, M. Fall, chef du service départemental de la pêche de Bakel, expose les réalités du terrain. Il décrit les efforts menés au quotidien pour encadrer les acteurs de la pêche, contrôler la qualité des produits halieutiques et valoriser les ressources naturelles, tout en soulignant les nombreuses difficultés liées au manque de moyens logistiques et techniques. Un plaidoyer clair pour un meilleur accompagnement de l’État et une valorisation durable des mares du département.

M. Fall, chef du service départemental de la pêche de Bakel, est revenu sur les missions essentielles de son service, les multiples difficultés rencontrées sur le terrain et les nombreuses opportunités que présente la pêche dans cette région. Il explique que le service est chargé de la surveillance des pêches, qu’il s’agisse de pêche maritime, fluviale ou continentale, du contrôle du transport des personnes et des produits liés à l’activité halieutique, ainsi que de la qualité sanitaire des poissons vendus sur les marchés. Chaque jour, ses équipes doivent inspecter les produits, leur conservation, la conformité des pratiques commerciales, tout en assurant une veille constante sur les poissons provenant de l’extérieur, que ce soit au niveau national ou international, notamment ceux venant de la Mauritanie ou du Maroc. M. Fall insiste également sur l’importance de l’encadrement des acteurs locaux, notamment les pêcheurs, les mareyeurs, les femmes transformatrices, et les jeunes qu’il a lui-même formés aux techniques de contrôle et de transformation des produits. Cependant, le service fait face à un manque criard de moyens logistiques : peu de véhicules pour les déplacements sur le terrain, pas de vedettes pour surveiller les pirogues, absence de postes de contrôle dans certaines zones, et parfois aucun agent en poste pour assurer la présence de l’État sur les sites stratégiques. Malgré cela, les efforts sont maintenus pour garantir la qualité des produits halieutiques consommés dans le pays. Un volet crucial de l’entretien porte sur le potentiel énorme des mares présentes dans le département de Bakel. Sur les douze mares identifiées, seules quelques-unes sont exploitées, et encore à moins de 15 % de leur capacité. M. Fall estime qu’avec une bonne politique d’aménagement, ces mares pourraient non seulement générer des milliers d’emplois, mais aussi contribuer significativement à l’autosuffisance alimentaire, à l’agriculture irriguée et à la pisciculture. Il évoque les mares de Diéry, de Walo ou encore de yaféra , qui pourraient transformer l’économie locale si elles étaient équipées de digues, de systèmes de régulation de l’eau et d’accès sécurisé. Ces zones humides, si elles étaient correctement entretenues, permettraient également de stocker l’eau des crues, de réduire les risques d’inondation et de nourrir des cultures sur plusieurs centaines d’hectares. Pour atteindre ces objectifs, il appelle à un meilleur accompagnement de l’État, notamment à travers un appui matériel, logistique et technique, mais aussi à une meilleure intégration des enjeux de la pêche dans les politiques publiques comme la stratégie Sénégal 2050. Il souligne enfin la collaboration étroite avec les services de la météorologie, indispensable pour anticiper les aléas climatiques, protéger les pêcheurs et organiser efficacement les campagnes de pêche. À travers ce témoignage, M. Fall explique aussi que la pêche dans le département de Bakel ne se limite pas à une activité de subsistance, mais constitue un levier stratégique de développement local, à condition de lever les freins structurels qui freinent son essor.

Diénaba Fadé JOURNALISTE Stagiaire

Bakel /TAMBAACTU1

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