Gabou/Ngalu Aynaabe : La fierté Peul célébrée à Gabou lors du Jaaro traditionnel
La commune de Gabou a vibré au rythme de la culture peule ce samedi 27 septembre à l’occasion de la première édition du Jaaro traditionnel Ngalu Aynaabe, organisée par l’ONG Hommes et Terre. Cette journée festive et mémorable a rassemblé éleveurs, femmes transformatrices, autorités locales, habitants et partenaires autour des pratiques pastorales, de l’identité culturelle Peul et de l’avenir de l’élevage dans la région. Dès le matin, une foule nombreuse s’est réunie devant la mairie de Gabou, décorée aux couleurs du Pulaagu, pour célébrer un événement unique qui a mêlé démonstrations, compétitions de moutons, danses, échanges communautaires et moments de grande émotion.
Monsieur Bocar Sy, chef du village, a ouvert la cérémonie avec un discours de gratitude, remerciant d’abord la presse locale pour sa présence, puis saluant chaleureusement Hommes et Terre pour leur engagement. Il a expliqué comment, lors du choix du site pour l’aménagement pastoral, les autorités villageoises et les Peuls avaient délibérément proposé deux zones très dégradées, convaincus que personne ne voudrait y travailler. À leur grande surprise, Hommes et Terre a accepté le défi et, avec l’appui des techniciens et des populations locales, a transformé un terrain désertique situé entre Billé Boboré et Guétié en un espace revitalisé. Il a rappelé qu’au bout de trois ans, la clôture sera retirée pour permettre aux éleveurs d’y faire paître leurs troupeaux et même de cultiver, soulignant que cet acte symbolise l’esprit du Pulaagu : l’entraide, la parole donnée, et la paix entre les peuples. Le chef a également salué la cohabitation harmonieuse entre les trois principales communautés du village – Soninkés, Bambaras et Peuls – insistant sur la nécessité de maintenir la fraternité et la vérité entre les habitants.
À sa suite, le maire de Gabou Issa Samby a pris la parole pour adresser ses salutations aux représentants de l’État, notamment au sous-préfet de l’arrondissement de Moudéry, aux anciens maires et au chef de village, avant de remercier Hommes et Terre pour avoir choisi la commune de Gabou comme lieu de cet événement. Il a souligné le rôle essentiel de l’ONG dans le développement local, rappelant qu’elle est le premier partenaire de la commune. Selon lui, l’organisation ne se contente pas de restaurer les terres ; elle emploie aussi les jeunes du village, ce qui est un point crucial pour l’avenir de Gabou. Il a salué le travail de Mamadou Sall, représentant local de Hommes et Terre, qui assure une communication fluide entre la population et l’organisation. Il a également insisté sur l’importance de la jeunesse dans la réussite de cette journée, et sur le rôle du comité d’organisation, à qui il a adressé une mention spéciale.
La directrice de Hommes et Terre, représentant la direction, a exprimé toute sa joie et son honneur d’être présente à Gabou pour cette première édition du Jaaro. Elle a souligné combien l’élevage est au cœur de l’identité des communautés rurales de cette région, et combien il est essentiel de valoriser les savoirs traditionnels tout en y intégrant des pratiques modernes pour nourrir les troupeaux durablement. Pour elle, le message est clair : le futur de l’élevage passe par l’union entre tradition et innovation. Elle a félicité tous les participants, particulièrement les vainqueurs des compétitions, mais a précisé que le véritable gagnant du jour est la communauté de Gabou, qui a su démontrer sa force, sa solidarité et son attachement à sa culture.
Monsieur le Sous Préfet Sow, dans un geste très apprécié, a choisi de s’exprimer exclusivement en pulaar, marquant ainsi sa proximité avec la culture célébrée. Il a rappelé qu’en tant que Peul lui-même, il ne pouvait pas manquer cette journée. Il a évoqué l’importance de transmettre aux jeunes générations non seulement une culture vivante, mais aussi une terre fertile et bien gérée. Pour lui, l’élevage d’aujourd’hui ne peut plus être pratiqué comme par le passé : les éleveurs doivent désormais adopter des méthodes modernes, scolariser leurs enfants, cultiver leurs propres champs pour nourrir leurs bêtes, et surtout respecter les règles de cohabitation avec les agriculteurs. Il a exprimé sa honte face aux conflits liés à la divagation des troupeaux dans les champs d’autrui, appelant les éleveurs à faire preuve de responsabilité et à corriger ces comportements. Selon lui, aider sa famille, c’est aussi lui dire la vérité.
Les femmes ont également pris une place centrale dans cette journée. Mariam Ba a salué la forte mobilisation des bergers et des femmes transformatrices de lait. Elle a rappelé que tout ce qui fait la richesse de leur quotidien – lait, huile, savon, cuir – vient de l’élevage, et que c’est une fierté à protéger. Elle a remercié Hommes et Terre et Mamadou Sall pour leur soutien constant. De son côté, Hawa Koïta, venue de Gourel Mandiou, a exprimé sa joie immense en voyant les jeunes du village présenter leurs moutons élevés avec soin. Elle a souligné que toutes les femmes avaient contribué à la réussite de la journée en apportant leurs outils traditionnels et leur savoir-faire, faisant de ce moment une date inoubliable pour la culture peule. Mouhamadou Ba, habitant de Gabou, a salué la renaissance de leur culture à travers ce Jaaro, estimant que beaucoup de choses vues ce jour-là étaient inconnues de la nouvelle génération. Il a émis le souhait que cette journée soit organisée chaque année et que Hommes et Terre continue sur cette voie de développement et de valorisation du patrimoine culturel peul.
Ainsi, le Jaaro traditionnel Ngalu Aynaabe a tenu toutes ses promesses. Plus qu’un événement festif, ce fut une journée de renforcement communautaire, d’expression culturelle, de reconnaissance mutuelle et de planification pour l’avenir. Gabou a su montrer que la tradition peut être une base solide pour construire un avenir moderne, solidaire et prospère. Grâce à l’engagement de Hommes et Terre, aux autorités locales et à la population, la commune a posé les fondations d’un développement pastoral durable, en harmonie avec les valeurs du Pulaagu.




Diénaba Fadé Journaliste Stagiaire Bakel/TAMBAACTU1
Partagez



